#JeSuisCharlie, même depuis Londres
Difficile de ne pas parler des événements qui ont frappé Paris la semaine dernière… Mais il est d’autant plus difficile d’en parler avec les mots justes. C’est pourquoi cet article ne sera pas très long : je souhaitais juste vous expliquer comment j’ai vécu la vague #JeSuisCharlie depuis Londres.
Le mercredi 7 janvier, vers 11h40, je finissais tout juste d’écrire un article pour le travail, lorsque j’ai décidé de faire une « pause Twitter ». Et l’avalanche de tweets et de retweets m’a horrifié, refroidi, tétanisé : je n’arrivais pas à croire ce que je lisais, et surtout, je n’arrivais pas à croire que plus les minutes défilaient, et plus tout cela empirait. Deux, trois, cinq morts… Je me disais que le bilan était beaucoup trop lourd, mais je n’avais rien vu.
Malheureusement, pendant ces deux premiers jours d’horreur, j’étais un peu isolée. Je traitais une partie des informations pour le travail, le reste je le voyais sur les réseaux sociaux et à travers mes amis et ma famille. Je me suis sentie inutile. J’avais presque honte, en tant que journaliste, d’être à Londres plutôt qu’à Paris pour soutenir la profession, la liberté de la presse, d’expression. J’ai même raté le rassemblement du soir-même à cause de visites d’appartement (malheureusement, après 3 semaines de quête, ce n’était pas le moment de lâcher). J’avais aussi peur (oui, malgré mes hashtags #notafraid) pour ma famille : quand on découvre une prise d’otages via Twitter, on se demande forcément, « et si un de mes proches était dans le coin, par un pur et malheureux hasard ?! »
Alors j’ai fait comme j’ai pu pour apporter ma pierre à l’édifice, que ce soit par un dessin, en allant au rassemblement du Ciné Lumière puis à celui de dimanche, à Trafalgar Square… À chaque fois, les larmes que j’avais retenu en parlant du sujet, seule face à mon ordinateur, coulaient doucement au milieu de la foule. Voir tout ce monde, ça rendait le drame beaucoup plus réel.
Et même si je n’ai pas pu faire partie des 1,5 millions de Français (si ce n’est plus) qui ont marché à Paris dimanche, je l’ai vécu à ma manière, encore une fois grâce aux réseaux sociaux, mais aussi grâce à mes parents et mes amis qui y étaient.
J’ai été émue, impressionnée, fière de voir cette unité.